GUINEE CONAKRY (OCTOBRE - NOVEMBRE 2010)

Nous voici par la grâce d’Allah au terme de ces 63 jours en Guinée Conakry. Je vais commencer par une présentation historique. Dans toute l’Afrique noire le contraste est frappant entre les richesses naturelles abondantes du pays et la situation économique et sociale très pauvre. Dans mon récent voyage Bamako-Abidjan, je n’ai cessé de regarder avec étonnement toutes ces étendues de verdures inexploitées. Pendant toutes mes études secondaires en Tunisie, on apprenait en géographie la répartition de la pluviométrie et les possibilités agricoles dans chaque zone climatique : le pays s’évertue depuis toujours à exploiter le mieux possible le moindre hectare de terre et la moindre goutte du ciel. Or voilà des étendues verdoyantes inexploitées ? ! Cela explique les opportunités en Côte d’Ivoire pour des étrangers de venir installer des villages et exploiter des terres.

Mais en Guinée, le contraste est encore plus flagrant. Si vous pouvez regarder une carte naturelle de la Guinée, vous verrez une ligne qui traverse le pays du nord-ouest vers le sud-est ; des deux côtés naissent des cours d’eau qui engendrent tous les fleuves de la région – je n’exagère pas, tous les fleuves de la région. La ligne est la chaîne de montagnes qui traverse le pays pour finir à Man – rappelez-vous la ville entourée par 18 montagnes en Côte d’Ivoire proche de Guinée ; chaîne de montagnes qui intercepte les pluies que les alizées apportent de l’océan atlantique, créant ainsi le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ». Sans doute, il y a là assez d’eau et d’électricité pour tous les pays de la sous-région. C’est dans ces montagnes, à Labé, que j’ai porté un T-shirt avec le Kamiss (boubou) pour la première fois en Afrique noire tellement les nuits sont fraîches. Nous avons aussi admiré le « voile de la mariée », chute d’eau d’une vingtaine de mètres à Kindia. Mais la Guinée a en plus de l’or, du fer, du pétrole, la bauxite et autres. Bien entendu, c’est la mauvaise gouvernance qui dilapide les potentiels et empêche tout développement.

Comme preuve de ce retard économique, nous trouvons des guinéens dans tous les pays de la zone partis à l’aventure pour tenter leur chance dans la vie, mais il est très difficile de trouver un étranger venu chercher du travail en Guinée. Il est aussi impressionnant de voir toutes ces femmes qui attendent leurs maris expatriés depuis des années. Il en résulte que la Guinée est un des pays les plus conservateurs de la région : l’absence de brassage des ethnies et des étrangers maintient les coutumes et les mœurs, par exemple les filles sont souvent mariées avant 17 ans même si elles continuent les études, au point qu’un très haut cadre de l’état nous présente sa fille de 23 ans pour qu’on la soigne et nous dit : « A 23 ans elle n’est pas mariée, alors qu’en Islam la fille doit être mariée à 17 ans ! »

La société est très marquée par la dictature ininterrompue et écrasante depuis l’indépendance. Nous avons tout fait par la grâce d’Allah pour débarrasser les élections de tous effets mystiques et même si le résultat final a suscité certaines contestations et déceptions, les choses se sont déroulées dans un maximum de calme et un minimum de dégâts et il est sûr que c’est un grand progrès par rapport aux expériences du passé. La corruption qui est une règle en Afrique atteint d’autres dimensions en Guinée. Voyez ce Mr qui arrive à la société d’électricité pour demander des facilités de paiement pour sa facture très forte. Un premier responsable lui dit de payer sinon le courant sera coupé. Il est découragé mais quelqu’un lui indique de s’adresser à l’hôtesse d’accueil qui lui tient ce discours : « Bon, vous pouvez payer combien ? La moitié ? Non ? Alors le quart ? Bon d’accord, ce que je vais faire, je vais résilier le contrat et vous faire un nouveau contrat (pour empocher le quart de la facture pour elle-même). Non, non ! Je vais vous mettre un nouveau compteur comme ça il n’y aura même plus l’ancienne consommation ! » D’autres employés vous proposeront de leur donner 50.000 F Guinéens par mois (3.700 F CFA = 5€) et ils se chargent de tout ! Une fois, nous avions un centre à côté de la maison du gouverneur et pour aller faire une émission à la radio après l’heure du couvre-feu nous avons demandé à un des gardes du gouverneur de nous accompagner et nous lui avons donné 10.000 F (1€). Et voilà le couvre-feu à 1 € !

Il en résulte deux extrêmes : tous ceux qui travaillent pour l’état (en très large majorité) ne savent que remplir leurs poches, et les personnes honnêtes vont faire leurs affaires en ignorant l’existence de l’état. Voilà d’ailleurs une raison qui fait que le changement par les élections est très difficile, tellement l’attachement au statu quo est fort. Il en résulte des remarques comme ce riche entrepreneur qui nous dit : « C’est difficile d’avoir une domestique à Conakry : si elle a eu deux mois de salaire seulement elle va acheter des marchandises et s’asseoir au marché vendre sur une table ! » Je trouve excellent que ces femmes aient un esprit d’entreprise au lieu de se contenter d’un travail de femme de ménage.

Il résulte que la beauté de la nature, l’ouverture et l’accueil des habitants, la vie pas chère et naturelle ne peut que séduire l’étranger et confirmer l’adage : « La Guinée n’attire pas mais elle retient ».

Par contre il y a une division ethnique marquée entre les trois ethnies dominantes bien que toutes musulmanes ainsi qu’entre les tidjanes et les sunnites et j’appelle tous les imams, prédicateurs et responsables religieux à faire de leur mieux pour rapprocher les musulmans car il suffit de discuter avec les uns et les autres pour se rendre compte que les malentendus, l’absence de dialogue et les exagérations représentent la plus grosse partie des désaccords. Ce fut d’ailleurs l’une des grandes réussites de la campagne : réunir sans aucune distinction toutes ces catégories dans un travail islamique et fraternel.

Excusez cette longue introduction, j’en viens maintenant au bilan de la campagne. Par la grâce d’Allah, c’est une réussite au-delà de nos espérances et c’est la meilleure de toutes les campagnes jusqu’à présent. D’abord nous avons pu former environ 120 personnes et installer des centres à Conakry, Kindia, Mammou, Dabola et Labé, et j’ai laisse mon équipe continuer la formation et l’ouverture de centres à Léluma, Pita et Timbi Médina in cha Allah. Mon seul regret est de ne pas avoir pu aller à Zérékouré à l’autre bout du pays vers la frontière avec la Côte d’Ivoire, c’était trop loin. Nous avons aussi traité des centaines de gens (1500 ?), et les résultats n’ont pas tardé à se manifester ce qui nous vaut des encouragements et une publicité de tous les côtés. Une des nouveautés dans cette campagne est que (presque) tous les raqis en place sont venus suivre la formation ou ont envoyé des personnes de leurs centres suivre la formation. Cela met entre nous une ambiance fraternelle et étend l’impact de notre action. Une autre nouveauté est que dès notre arrivée, nous sommes allés rencontrer le secrétaire général des affaires religieuses (qui a rang de ministre) qui nous a délivré un ordre de mission pour prêcher dans les mosquées et sillonner le pays, donc nous étions une mission officielle et toutes les portes administratives et religieuses nous étaient ouvertes d’office. Je n’ai jamais vu les autorités : maires, préfets, gouverneurs, etc. autant adhérer à notre projet : tout le monde est d’accord pour laisser le chirk et se soigner avec le Coran et tout le monde est émerveillé par le captage. Ca m’a donné le sentiment d’être vraiment en terre d’islam, puisque même les autorités mettent l’islam au-dessus d’eux. A tel point que nous avons visité un camp militaire et le colonel en charge a réuni les soldats qui ont tous fait la chaîne et nous avons capté leurs djinns. Les djinns des anti-balles (sorcellerie pour ne pas être atteint par les balles) ont avoué devant tous qu’ils ne pouvaient pas arrêter les balles et eux-mêmes avaient peur des balles, mais si quelqu’un cesse de leur faire des sacrifices, ils vont le tuer et ainsi les gens croiront que c’est parce qu’il a laissé les anti-balles. Puis j’ai fait un prêche aux militaires, une première dans l’histoire de la roqya.

Il y a eu plusieurs témoignages très émouvants. On a pris le gri-gri d’une patiente et autour d’un carré rempli de Coran il y avait sept noms de djinns. Nous les avons ramenés par la grâce d’Allah et je leur ai demandé quelles sont les conditions entre eux et le marabout qu’ils servent ? Il dit : « Il doit nous faire du dhikr, moi c’est trois milles fois chaque nuit.

Ca veut dire quoi ? Au lieu de dire sobhan Allah il doit dire sobhana Tabanouche ? (j’ai oublié le nom)

C’est ça ! Et puis aussi chaque fois qu’il fait les ablutions il doit laisser une obligation.

Comme ça sa prière n’est pas bonne ?

Non ! Elle est bonne, mais elle est pour nous ! »

Un oustaz a donné un dhikr à une fille avec le nom de Kazanouss (ou je ne sais plus quoi) en lui assurant que ce n’était pas un djinn et que ça lui ferait du bien. Quand nous avons amené et converti ce djinn, je lui ai demandé que signifie la phrase du dhikr et il dit : « Il y en a plusieurs qui peuvent protéger ! » Voyez-vous ? C’est l’affirmation qu’ils y a d’autres dieux qu’Allah qu’on peut adorer et implorer pour se protéger ! Voyez comment on enseigne la mécréance au nom de l’islam !

Nous avons visité un directeur d’hôpital et nous avons fait le captage dans son bureau. Les djinns sont venus dire qu’ils étaient là pour rendre les gens plus malades parce qu’on a fait la sorcellerie contre le directeur et on l’a enterrée dans l’hôpital pour que les gens ne guérissent pas pour qu’on accuse le directeur d’incompétence et qu’il perde son poste ; tout cela par jalousie et concurrence ! Sobhan Allah ! Pour une jalousie personnelle on va gâter la santé de tous ces gens ! Ces criminels satanistes ne méritent aucune pitié.

Nous avons capté un djinn en direct à la radio et il m’a dit : « Tu veux quoi ? Tu veux la richesse ? Tu veux la santé ? Je te donne tout ce que tu veux ! » Je dis : « C’est très gentil. Et qu’est-ce que tu prends en échange ? » Il dit : « Je prends tous tes enfants ! » J’ai donc expliqué aux auditeurs que tous ces gens qui viennent chez nous parce que leurs enfants sont devenus fous ou bêtes à l’école ou ne trouvent pas de travail ou les filles qui ne se marient pas ou ne font pas d’enfants, c’est souvent de leurs fautes car ils sont allés faire des sacrifices et porter des gris-gris et des bagues pour avoir la chance dans leur vie.

Nous avons fait une conférence dans une place publique à Timbi Médina qui a réuni plus de 400 personnes. Pour le captage, nous avons demandé à tous les présents de faire la chaîne pour qu’on attrape leurs djinns.

Le premier qui est venu a dit : "Je veux que tu me tues."

Et pourquoi ?

Tu as cassé tout notre business ! Qu’est-ce qu’on va manger maintenant ?

Ah d’accord. Dis-moi, quelle est ta relation avec Ibliss ?

Je ne l’ai jamais rencontré personnellement, mais il y a un ifrit qui vient chaque fois et qui dit qu’il est apparenté à Iblis et qu’il vient de sa part.

Et il vient faire quoi ? Il vient prendre la liste.

Quelle liste ?

La liste des gens qu’on a gagnés.

Tous les gens qui ont pris les gris-gris, qui ont mis les bagues de protection, qui ont fait les sacrifices pour les djinns ?

Voilà, c’est ça !

Et qu’est-ce qu’il fait avec la liste ?

Je ne sais pas. Ok, on va le chercher ».

On l’a ramené par la grâce d’Allah et je lui ai demandé : « Qu’est-ce que tu fais avec la liste ?

Je la remets à Iblis.

Et ensuite ?

Ben, il nous félicite de notre travail (c’est exactement ainsi que le prophète (s) a informé que les chayatins se réunissent chaque soir avec Iblis pour exposer leurs résultats et celui qui a fait la pire des choses portera la couronne ce soir-là, mais on ne savait pas qu’il y avait des listes).

Mais la liste c’est quoi ?

C’est les gens qui iront en enfer ?

Non, ils iront au Paradis !

Au Paradis ? !

Oui, et nous aussi ! Les gens ont besoin de protections et nous les protégeons ! C’est Iblis qui nous l’a dit. Et il nous a dit que c’est Allah qui lui a dit ».

Je lui ai alors récité les versets sur Ibliss et ses mensonges et il s’est converti. Tous les présents étaient ahuris : on a marqué les noms de tous ceux qui portent les amulettes pour les remettre à Ibliss ?! Quand j’ai fini, un des responsables de la mairie dit en colère : « Mais vous les marabouts ! (ils étaient ensemble au premier rang) Mais dites quelque chose ! C’est vers vous on va chaque fois pour nos problèmes ! » Ils ne dirent pas le moindre mot.

Dans plusieurs autres captages après cet incident nous avons eu la confirmation qu’il y a systématiquement des ifrit qui prennent les listes de tous ceux qui commettent le chirk pour les remettre à Ibliss, in cha Allah vous verrez bientôt ces vidéos sur le site. D’ailleurs une nouveauté dans cette campagne est de prendre un maximum de vidéos de captages pour les publier in cha Allah. Un des leaders sunnites de Guinée était avec moi et a dit : « Il n’existe pas un moyen pour changer le « munkar » - le mal- aussi radical et convaincant. Je n’ai jamais vu dans ma vie un moyen de changer les gens et gagner autant de hasanat que votre campagne (il avait fait trois jours avec nous) ». Il n’a pas cessé de citer tout ce qu’il a profité et qu’il voulait laisser ses activités pour ne faire que ça.

Une autre première : nous avons organisé une cérémonie de clôture de la campagne à Labé (car nous ne pouvions pas retourner à Conakry) à laquelle assistèrent toutes les autorités locales – jusqu’aux responsables régionaux de la santé et de l’éducation que nous avons spécialement invités - ou leurs représentants avec à mes deux côtés un des grands leaders sunnites et un des grands leaders tidjanes, avec plus de 500 personnes ayant rempli la salle de fêtes. Nous avons d’abord présenté les témoignages des membres de mon équipe sur l’effet de la roqya dans leurs pays : Côte d’Ivoire, Bénin, Nigéria et Cameroun, puis le bilan de la tournée, le rappel de nos objectifs, une démonstration de captage et enfin le mot des autorités où le représentant du ministère des affaires religieuses dit : « Jamais un prédicateur ne nous a amené une chose aussi bénéfique, de tous les séminaires et conférences qui ont été organisés ici ! » Puis il y eut la remise des diplômes et des cadeaux, les bénédictions finales et le repas : trois chèvres, poules, riz, salade et spaghettis qui ont fortement ému les imams et autorités. Tout cela a été filmé pour en faire un usage médiatique ainsi que des archives in cha Allah.

L’autre nouveauté encore dans cette campagne est les diplômes. J’y pense depuis longtemps mais là, le ministère de la santé a exigé que les gens que je laisserai derrière aient des diplômes certifiant leur aptitude à exercer. Nous avons donc élaboré et distribué les diplômes et les cartes professionnelles. Les modèles et modalités seront distribués in cha Allah à tous les centres. Jamais dans une campagne de roqya la lutte contre le chirk n’a autant été mise en avant : avec les leaders religieux, les autorités, le public et les médias le chirk est démasqué et condamné systématiquement et les gens sont convaincus.

Qu’Allah en débarrasse définitivement tous les musulmans. Cela constitue par la grâce d’Allah une bonne préparation pour le Sénégal ou trop de sorciers se cachent derrière la religion, qu’Allah les démasque tous et détruise leur œuvres sataniques.